Le tour de cartes est presque un passage obligatoire pour tous les magiciens du monde. C’est que, depuis toujours, les cartes et la magie sont intimement liées. Avant même David Copperfield, ces instruments servaient avant tout à prévoir l’avenir, prévenir des malédictions, ou bénir des nouveau-nés. Pourquoi donc, encore aujourd’hui, les cartes sont-elles des symboles de la magie ? L’origine des cartes peut-elle expliquer ce lien qui semble indéfectible à travers les âges ? Éléments de réponse.
Photo par Jean-Didier, CC0
Les cartes, un support de la magie dès l’Antiquité
Les premières traces de cartes à jouer se situent en Inde et en Chine, mais aucun spécialiste ne peut affirmer que ceux-ci servaient à autre chose qu’au jeu à cette époque. Pour autant, l’Onmyodo, un art divinatoire japonais, semble prendre pour héritage la pratique de la cartomancie. De plus, plusieurs historiens s’accordent sur le fait que les oracles et les augures de la Grèce antique disposaient de plusieurs instruments pour tenter de retranscrire le message des dieux, dont les cartes. Après une longue disparition en Europe, l’art de la cartomancie revint aux environs du XVIIIe siècle avec plusieurs supports de cartes. Le jeu moderne que nous connaissons composé des quatre couleurs et des figures comme le valet ou la reine, le jeu du tarot de Marseille, ou encore l’Oracle de Belline, un jeu créé par Jules Charles Ernest Billaudot, dit Mage Edmond, l’un des plus célèbres voyants français de l’histoire.
Depuis, la cartomancie n’a jamais cessé de s’étoffer de nouveaux jeux de cartes, de nouvelles méthodes, jusqu’à l’apparition de jeux de cartes modernes prenant pour illustration des thèmes de science-fiction ou de fantasy.
En parallèle de la cartomancie, la magie et la voyance sont passées de domaines tabous (en surface) au Moyen-Âge à un véritable divertissement au début du XXe siècle. Un changement qui transforme une partie de la pratique et des instruments, mais les cartes ne seront pas mises de côté, bien au contraire.
Le magicien, un chapeau, un lapin, et un jeu de cartes
La relative facilité de transport d’un jeu de cartes en a fait un des accessoires les plus mythiques des magiciens modernes. En plus de sa taille, de son poids, et de son prix, les possibilités de créations pour les magiciens sont juste infinies. Encore aujourd’hui, certains magiciens les plus renommés comme Shin Lim ou Dynamo basent presque entièrement leurs tours sur la manipulation de cartes. Ce qui fait du jeu de cartes un instrument parfait pour la magie tient en deux choses. Son origine spirituelle d’abord, si prévalente dans l’imaginaire collectif, lui donne une aura importante. L’infinité des tours possibles avec ce simple jeu d’autres parts.
Le jeu de cartes a donc gardé son souffle mystique dans le monde de la magie de divertissement. Mais, même dans les jeux que la cartomancie a engendrés, la superstition et la croyance reste présentes, même si elle plus sous-jacente.
Un héritage présent même dans les jeux modernes.
Si les jeux qui découlent de ce système de représentation n’ont plus grand-chose à voir avec la cartomancie ou la voyance, les racines sont tenaces. Ainsi, bon nombre de joueurs de poker sont superstitieux, à l’image de Doyle Brunson. Celui-ci est notamment connu pour une double victoire dans un grand tournoi deux années différentes avec une main identique sur le coup final. Une main qu’aucun professionnel n’aurait osé jouer en premier lieu tant celle-ci était faible. Les spéculations sur cet événement unique dans le monde du poker vont encore bon train aujourd’hui, certains parlant d’une chance inouïe, quand d’autres, dont le joueur, évoquent des objets protecteurs comme son briquet noir.
Photo par jlaso, CC0
Par ailleurs, la plupart des grands champions de poker admettent avoir des rituels avant les tournois ou pendant les parties. On peut citer pêle-mêle une propension à jouer des chiffres qui ont un sens, comme la date de naissance d’un proche ou la façon d’attraper les cartes avant de les regarder. Le tout, sans même parler des accessoires fétiches des champions comme les lunettes de soleil, un sweat à capuche, ou encore le fameux briquet noir de Doyle Brunson.
Une preuve que la magie et la superstition ne sont jamais totalement sorties du monde des cartes.