Après les Chroniques des gardiens, l’auteur Joffrey Lebourg est revenu avec une nouvelle saga, celle des 7 reliques. Comptant quatre tomes à ce jour, c’est avec le premier, Le réveil d’Entropia que nous en faisons la découverte.
Joffrey Lebourg ayant la particularité d’être atteint du syndrome d’Asperger. Ainsi, il est donc connu pour la richesse de ses univers et son imagination débordante. Quelque chose qui ne peut qu’attirer la curiosité, compte tenu de l’importance de la construction d’un univers dans ce type d’œuvres.
Synopsis
Cordélia n’avait rien demandé à personne. Elle tentait simplement de survivre après le décès de ses parents. Mais un messager divin lui annonce que le responsable est un prince-démon, banni il y a des millénaires et qui prépare son grand retour à l’aide d’humains félons : Entropia. Elle seule peut le contrecarrer, en rassemblant les sept Reliques divines dispersées sur les continents d’Alkymia. Heureusement, elle pourra compter sur l’aide de magiciennes venues d’un autre monde pour l’épauler. Entre manigances des humains et séides du démon, parviendra-t-elle à mener sa quête à bien ?
Source : site officiel
Critique
Un univers riche et détaillé
Comme on peut s’y attendre, cette saga se déroule dans un monde riche et détaillé. De nombreux êtres légendaires bien connus (elfes, nains, démons) ou tirant leur inspiration de ceux-ci se côtoient. Les lieux, les magies, les peuples, organisations sont également nombreux. L’auteur n’élude que très peu de détails, évitant les questions que l’on peut se poser de type “comment cela fonctionne”. Alkymia est un univers bien pensé ou rien n’est laissé au hasard. L’ensemble fait bloc et fonctionne.
Cependant parfois on nous donne des informations supplémentaires superflues à la situation en cours. Les donner plus tard, à un moment plus pertinent, aurait évité par moments une certaine lourdeur et nuisant à la fluidité dans le déroulement de l’aventure.
De plus, le style de l’auteur a tendance par moments nous sortir de l’immersion dans ce monde. La magie dans un roman de fantasy et de se laisser emporter ; l’auteur nous guide et notre imagination fait le reste. Nous nous représentons à notre manière l’univers, à partir des informations données, comblant avec notre imagination. Ici, en plus des longs passages d’informations, l’auteur a tendance à souvent se référer à des éléments de notre monde. Si la volonté est de donner une représentation de ce qui est décrit, cela nous en fait sortir du fait que cela nous ramène à notre monde. De plus, quelques maladresses et incohérences peuvent également entraîner cet effet. A plusieurs reprises il y a des références à des éléments propres à Alkymia et juste après on les désigne par un terme de notre monde.
Les bonus en annexes et QR code
Afin de fournir des informations complémentaires, on trouve dans le roman, des cartes (toujours très utiles), une liste des personnages, un arbre généalogique des dieux et le résumé de l’histoire du monde.
L’originalité vient aussi de QR code disséminés dans le roman, qui amènent vers des représentations des personnages ou de blasons. C’est une idée plutôt sympathique et on regrette de ne pas en avoir un à chaque chapitre, surtout pour avoir tous les personnages, certains manquant de ce fait à l’appel. L’auteur s’en garde pour les tomes suivants, mais on aurait aimé avoir au moins tous les personnages principaux.
Un scénario classique mais pas que
Du côté de la narration, le scénario de cette saga est relativement classique et ayant même quelques airs de jeux de rôles et de certains jeux vidéo. L’héroïne Cordélia ne semblait pas promise à un destin exceptionnel, mais elle se révèle être une élue devant vaincre le terrible démon Entropia. Pour cela elle doit réunir sept reliques, pouvant compter sur l’aide de plusieurs compagnons. On va donc y retrouver les thèmes récurrents du genre avec les questions de l’élu, de l’apprentissage, du destin.
Toutefois, l’exploitation de ces thèmes peine un peu. Cordélia connaît quelques embûches, mais pas de véritables difficultés, le destin étant (trop) souvent avec elle. Ainsi elle ne connaît pas d’échecs cuisants et quand elle est en danger, on ne la sent pas vraiment menacée. Cependant le roman nous offre tout de même quelques passages où l’action est au rendez-vous, avec de gros affrontements. Ses compagnes, surtout Amber semblent sans failles et avoir (peut-être parfois trop) de cordes à leur arc pour toutes les situations.
Sur le plan émotionnel, Amber ne semble guère tourmentée par sa destinée et les révélations. Elle suit donc sa route, un peu “parce que c’est comme ça”. Quand elle semble réaliser le poids de son destin ou que ses émotions débordent, cela reste passé assez vite après quelques paroles et réconforts. Toutefois, on peut apprécier de voir que ces aspects ne sont pas oubliés. Cependant cela aurait mérité d’être plus exploité. C’est ce qui fait la force et est le cœur d’autres sagas de fantasy destinées à un jeune public ou adolescent. Des thèmes qui permettent aussi de plus s’attacher plus au personnage principal. On le suit dans ses échecs, ses doutes, ses peurs, certains grandissent et gagnent en maturité en même temps que lui.
A côté des thèmes récurrents du genre, le roman exploite quelques thèmes très intéressants, que l’on ne retrouve pas toujours. Cela est peut-être en soit une force, de moins traiter des thèmes classiques pour ceux-ci. Ici les questions de classes sociales, de hiérarchie ont une grande importance dans le monde d’Alkymia. On y voit ainsi les bons côtés, mais surtout les mauvais. Il y a également la question des relations entre différentes races abordées. Si c’est un classique du genre, il est toujours bon de le voir abordé dans un univers qui compte de nombreux peuples différents. Mais surtout de manière un peu plus avancée. Un passage très intéressant également s’attarde sur les relations entre les divinités et les mortels. L’auteur évoque également les traits de caractères selon les constellations, mais aussi à plusieurs reprises par l’héritage parental.
Conclusion
Le réveil d’Entropia est un roman qui ouvre sur une saga prometteuse en contenu. L’univers est riche et malgré une base de scénario et des thèmes classiques, il aborde aussi des thèmes intéressants. Cependant le style de l’auteur dans lequel certains trouveront un manque de fluidité et un personnage principal avec lequel on peut avoir du mal à s’attacher diviseront.
Avec ce premier tome certains accrocheront immédiatement à l’univers d’Alkymia et l’histoire de Cordélia. Cependant, d’autres auront plus de mal à s’y plonger longuement. Mais si la suite corrige ses défauts, alors les 7 reliques seront très une belle saga. Nombreuses sont les œuvres à s’améliorer au fil des tomes et en termes d’univers et de thèmes, tous les ingrédients sont là.
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