Dernière modification le 02/04/2024.

Créature mystérieuse, la Bête du Gévaudan a fait de nombreuses victimes au XVIIIème siècle en France.

Introduction

À l’origine de la légende de la Bête du Gévaudan, on trouve un fait-divers sanglant : de 1764 à 1767, dans le Gévaudan (correspondant aux départements actuels français de la Lozère et la Haute-Vienne), une bête mystérieuse tue et dévore environ cent trente personnes, essentiellement des femmes et des enfants, dont la plupart gardaient les bovins aux pâturages.

Bête du Gévaudan

Les historiens actuels estiment que cette Bête du Gévaudan ne cache en réalité qu’un ou plusieurs loups, devenus anthropophages à la suite de la guerre de Sept Ans (1756-1763). En effet, les loups étant aussi des charognards ont l’occasion de manger de la chair humaine sur les champs de bataille.

Histoire

Mais au XVIIIème siècle, on ignore beaucoup de choses en éthologie ; habituellement, les loups n’attaquent pas l’homme. Des personnes cultivées et savantes écrivent qu’il doit s’agir d’une hyène, d’un ours, d’un léopard ou d’un singe de Malaga ; bref d’un animal plus ou moins exotique, dont le comportement est encore moins bien connu que celui des loups qui pullulent en France.

Les paysans, quant à eux, sont très superstitieux. D’emblée, ils attribuent à la Bête une origine et des pouvoirs surnaturels. Son intelligence à déjouer tous les pièges leur fait croire qu’elle a quelque chose d’humain. Certains l’auraient vu se dresser sur ses pattes de derrière et marcher comme un homme : c’est donc un loup-garou. Elle semble invulnérable, puisqu’elle se relève aussitôt après être tombée quand on lui tire dessus, ce ne peut être qu’un sorcier qui charme les armes à feu. Elle aurait aussi le don d’ubiquité et le pouvoir de disparaître ; dans tous les cas, elle est maléfique. À une époque encore extrêmement religieuse, c’est une bête du Diable.

Pour moraliser les campagnes, le clergé répand l’idée d’un monstre envoyé par Dieu pour châtier les habitants de leurs péchés. À croire l’évêque de Mende, les chasses et les battues incessantes atteindront leur but quand, par un repentir général et une sincère conversion, on aura enfin obtenu le pardon divin. C’est pourquoi, prières publiques et processions sont organisées dans toute la province ; il n’est pas d’église où le Saint-Sacrement ne soit exposé en permanence. Et c’est finalement un garde forestier, Jean Chastel, qui tue la Bête avec des balles bénies ; on les dit fabriquées par lui-même en fondant des médailles de la Vierge en argent massif

Depuis, malgré les progrès de la recherche, l’identité de la Bête demeure un mystère. Les hypothèses actuelles sont difficiles à prouver, ce qui laisse le champ libre à l’imagination. La Bête du Gévaudan appartient à notre mythologie collective, comme archétype du Grand Méchant Loup : celui du Petit Chaperon Rouge et des Trois Petits Cochons

Références

Littérature : Petite histoire des grands ravages d’une méchante bête (L.Fournier)

Cinéma : Pacte des Loups (C.Gans), la Bête du Gévaudan (P.Volson)

Théâtre : La Bête noire (J.Audiberti), La Bête est là (P.Capdeveille)

Liens externes : Musée de Saugues, Sur les traces de la Bête (Histoire de France), 250 ans plus tard, le mystère reste entier (National Geographic), entrez dans la légende (Parc animalier Lozère)

Image : Wikipédia