Sorti de la cuisse de Jupiter, dieu grec du vin, de la fête, Dionysos sème la zizanie sur son passage.
Introduction
Dieu grec souvent décrit comme le plus festif, parfois excentrique et incontrôlable, Dionysos (Bacchus chez les romains) est ainsi la divinité du vin et par extension de l’ivresse, de la folie et de la démesure. Il est également connu pour être le dieu démembré.

Description
Dionysos n’a pas l’image populaire, que l’on imagine : celle d’un vieil homme dégarni, bedonnant et saoul. C’est un jeune dieu aux longs cheveux bleus, vêtu d’un manteau sombre. Toujours en errance, il se déplace sur un char décoré de vignes, tiré par des panthères. Des bacchantes, des silènes, des satyres et autres êtres délirants ou fous le suivent.

Les traces de son passage sont toujours visibles car c’est un marginal. Ce dieu ne respecte pas les coutumes, sème la zizanie, bouleverse les hiérarchies, s’allie aux femmes et aux esclaves et prône la débauche. Il ne connaît que la démesure, la folie, parfois l’exaltation allant jusqu’à entrer en transe. Il aime les déguisements, les masques, les danses souvent libertines et les lieux sauvages. Aussi, il n’a pas de temple dédié à son culte, mais il est vénéré dans les forêts et les théâtres.
Dieu vagabond, il va de ville en ville, enseigner la culture de la vigne. Il réside uniquement dans des grottes, car il est toujours mal accueilli dans les villes où son culte n’est pas apprécié. Alors qu’Apollon, calme, représente l’équilibre et la lumière, Dionysos est son opposé, malgré tout aussi nécessaire que lui. Il éduqua également les naïades.
La thyrse (une tige surmontée d’une pomme de pin), la panthère, le lierre, la vigne, la grappe de raisin, le bouc, le guépard et les dauphins sont ses attributs.
Histoire
Naissance et enfance
Dionysos, dit être né trois fois, a une naissance bien particulière. Sa mère, Sémélé, fille de Cadmos et de la nymphe Harmonie, fut conquis par Zeus qui lui accorda une faveur de son choix. Alors, Héra, épouse officielle de Zeus, étant jalouse, incita Sémélé à faire cette demande à Zeus : qu’il se présente à elle dans tout son éclat. Zeus accepta mais il était si flamboyant et éclatant que Sémélé fut foudroyée.
Sémélé étant enceinte, Zeus prit le fœtus et le plaça dans sa propre cuisse. Ainsi Dionysos naquit de la cuisse de Zeus. D’où l’origine de la célèbre expression « se croire sortir de la cuisse de Jupiter », qui signifie : être imbu de soi-même, se croire quelqu’un d’exceptionnel. Athamas et Ino élevèrent Dionysos. Sur les conseils d’Hermès, ils déguisent l’enfant en fille, car la jalousie d’Héra s’étendait jusqu’aux enfants illégitimes de son mari.
Le démembrement
Malgré cela, Héra finit par retrouver Dionysos et rend fous Athamas et Ino. Intervenant à temps, Zeus transforma l’enfant en chevreau, puis le confia aux nymphes de Nysa. Elles le cachèrent dans une grotte dissimulée par une vigne dont il se nourrissait. Pour le retrouver, Héra s’adressa aux titans qui le piègent avec des jouets. Ensuite, ils démembrent son corps, font bouillir les morceaux dans un chaudron avant de les rôtir. Heureusement, Athéna parvint à sauver le cœur de Dionysos et le donna à Zeus qui le confia à Apollon, le dieu guérisseur. Celui-ci enterra le cœur sur le mont Parnasse où Rhéa lui redonna la vie.
Les voyages de Dionysos
Mais Héra, poursuivait toujours sa vengeance et rendit Rhéa folle. Réanimé, Dionysos parcourt l’Égypte, l’Asie, puis arrive en Phrygie où Cybèle lui fait découvrir les joies des délires mystiques. Le dieu s’en rendit maître et Cybèle devint elle-même sa victime. Pour ce rendre à Naxos, Dionysos monta sur un navire pirate. L’équipage décida de le rançonner, Dionysos refusa et les marins se moquèrent de lui. Dès lors, il transforma le mât de leur navire en vigne et ses voiles se recouvrirent de grappes de raisins. Ensuite, il rugit comme un lion et les pirates terrifiés s’enfuirent. Ils se jetèrent à la mer et s’y transformèrent en dauphin. Enfin arrivé à destination, Dionysos rencontra Ariane.

« Bacchus était tel qu’il parut à la malheureuse Ariane, lorsqu’il la trouva seule, abandonnée et abîmée dans la douleur sur un rivage inconnu. »
Fénélon, Les Aventures de Télémaque
La jeune femme avait été abandonnée par Thésée, après qu’il ait triomphé du Labyrinthe de Crète. Dionysos tomba amoureux d’elle et l’épousa.
« Bacchus, le vrai, le seul, c’est Bacchus conservant les mêmes grâces qui touchèrent Ariane. Aussi tendre et brillant c’est un dieu à suivre et non à craindre; toujours agréable à Vénus, il ne connut d’ivresse que l’ivresse de l’amour. »Bacchus, le vrai, le seul, c’est Bacchus conservant les mêmes grâces qui touchèrent Ariane. Aussi tendre et brillant c’est un dieu à suivre et non à craindre; toujours agréable à Vénus, il ne connut d’ivresse que l’ivresse de l’amour. »
Charles de Secondat, baron de Montesquieu
Lorsqu’il se dirigea vers Thrace, Lycurgue le roi de Styrmon, chercha à l’enchaîner. Il courut se réfugier chez Thétys, obligé de laisser ses bacchantes aux mains du roi. De ce fait, pour se venger, il fit devenir Lycurgue fou et rendit son royaume stérile. En Attique, il apprit la culture de la vigne à Icarios. Ce dernier partagera sa connaissance avec des bergers qui burent jusqu’à l’ivresse et finirent par se bagarrer. Icarios fut tué et son fils Érigoné se pendit. Devant ses morts inutiles, Dionysos rendit toutes les filles du pays folles.
Malgré tout, il devient un dieu reconnu par ses pairs ; son influence touche beaucoup de régions. Ainsi, il participa à la Gigantomachie où il tua Eurytos.
Plus tard, il descendit aux Enfers pour chercher sa mère. Hadès accepta à la condition qu’il lui donne en échange une chose à laquelle il tient. Alors, Dionysos lui donna le myrte et repartit avec Sémélé. De la part des olympiens, il obtint que sa mère soit élevée au ciel, lui donnant ainsi le statut de déesse.
« Bacchus : Divinité complaisante inventée par les anciens pour excuser leurs excès de boisson. »
A.Bierce, Le Dictionnaire du Diable
Références
Peinture : Bacchus adolescent (Le Caravage, Galerie des offices de Florence), Le triomphe de Bacchus et Ariane (A.Carrache, Palais Farnèse), Sacrifice à Bacchus (M.Stanzione)
Sculpture : Bacchus adolescent (Anonyme, Musée Saint Raymond de Toulouse), Bassin de Bacchus et de l’Automne (Les frères Marsy et Le Brun, Jardins de Versailles), Dionysos chez Icarios (Musée du Louvre)
BD : La sagesse des mythes : Dionysos (C.Bruneau, L.Ferry)
Jeux vidéo : SMITE et SMITE 2 (Titan Forge), Hades et Hades II (Supergiant Games)
Liens externes : Bacchus et Ariane (Titian, London National Gallery), bien plus qu’un « dieu de la fête » (National Geographic)
Images : image 1, image 2, image 3 (Wikimedia Commons)
Dernière modification le 09/01/2025.