Dernière modification le 02/12/2023.

Grande épopée hindou, le Mahâbhârata narre la guerre entre les Pândavas et les Kauravas.

Introduction

Selon la légende, le plus grand poème épique du monde qu’est le Mahâbhârata, aurait été écrit par Ganesha à la demande de Brahmâ.

L’accord des dieux

Le récit débute avec un accord entre la déesse Gangâ et les Vasus, les divinités au service du dieu Indra. Ce pacte voulait que Gangâ tue tous ses fils, excepté le dernier né ; elle était mariée à Shântanu le roi de Hastinâpura (au Nord de l’Inde). Mais lorsqu’elle le quitta, il tomba amoureux de la nymphe Satyavatî. Pour obtenir la main de la nymphe, Shântanu passa un accord avec son père Brîshma : ses enfants hériteront du royaume, mais en échange Brîshma ne devait jamais avoir d’enfants.

Shântanu et Satyavatî se marièrent et eurent deux fils qui, hélas, moururent. Le plus jeune laissa deux filles : Ambikâ et Ambalikâ. Comme le voulait la tradition, le parent le plus proche devait s’unir à elles pour engendrer un héritier. Mais, pour tenir sa promesse, Brîshma refusa. L’honneur revenait à Vyâsa, fils de Satyavatî et d’un mage qu’elle avait eu avant son mariage avec Shântanu, et dont l’existence était secrète. Satyavatî fit croire à ses petites-filles qu’elles trouveraient dans leurs chambres le beau Brîshma ; elles furent horrifiées en découvrant Vyâsa, à l’allure d’ascète et le regard hagard.

Ambâlikâ eut peur, son fils fut nommé Pându signifiant le pâle et Ambikâ se masque les yeux, son fils fut nommé Dhritarâshtra signifiant l’aveugle. Pându hérita du royaume de Hastinâpura et eut deux femmes : Kuntî et Mâdri. Mais, ayant été maudit par un sage, il ne pouvait pas avoir d’enfant. Cependant, Kuntî avait été bénie par un autre sage et avait obtenu de pouvoir s’unir avec cinq dieux différents.

Karna, le premier fils de Kuntî

Son premier fils fut conçu avec le dieu du Soleil Sūrya, qui donna à l’enfant l’armure divine Kavancha. Mais à l’époque étant promise à Pându, elle devait abandonner l’enfant. Elle le mit dans un couffin et le jeta dans un fleuve ; l’enfant fut retrouvé par Athirathan, un charretier, qui l’adopta et le nomma Karna.

Par le sang qui coulait dans ses veines, Karna ne voulut pas suivre les traces de son père adoptif, mais devenir guerrier. Il se rendit auprès de Dronacharya à la tête de la caste des guerriers des Kshatriyas ; Dronacharya refusa de le prendre comme élève. Karna se rendit alors auprès de Parashurama, en se faisant passer pour un brahmane car le maître n’acceptait personne d’autre.

Parashurama lui enseigne l’art de la guerre et celui du tir à l’arc, jusqu’à ce qu’il finisse par l’égaler. Un jour, où Parashurama faisait la sieste la tête posée sur les genoux de Karna, une abeille tournait autour d’eux. Elle finit par piquer Karna à la cuisse, il ne bougea pas afin de ne pas réveiller son maître. Quand Parashurama se réveilla, il aperçut le sang de la piqûre sur Karna qui dévoilait ainsi qu’il n’était pas brahmane. Il maudit Karna, faisant en sorte que lorsqu’il aurait le plus besoin de tout son savoir de guerrier, dont le maniement de l’arme divine Brahmastra qu’il avait reçu, il faillirait.

Les autres fils de Kuntî

Les autres fils de Kuntî furent Yudhisthira (ou Youdhistara) l’aîné avec Dharma le dieu du devoir et de la loi, Bhîma (ou Bhimsa) avec Vâyu le dieu du vent et Arjuna le blanc (ou le pur) avec le dieu de l’orage Indra. Elle offrit sa cinquième bénédiction à Madrî qui eut avec les Ashvins les cavaliers du soleil les jumeaux Nakula et Sahadeva.

La mort de Pându, les Pândavas et les Kauravas

Lorsque Pându mourut, Arjuna et ses frères, surnommés les Pândavas (pour fils de Pându), devinrent héritiers du trône de Hastinâpura. Comme ils étaient trop jeunes, c’est leur oncle Dhritarâshtra qui devint régent.

Dhritarâshtra éleva ses neveux en même temps que ses fils, nommés les Kauravas. Guerriers dans le sang, les Pândavas et les Kauravas apprirent les armes auprès du brahmane Dronacharya. Les Pândavas se révélèrent tous d’excellents guerriers, Arjuna était le meilleur, entre autres au tir à l’arc.

Cela commença à attiser la jalousie des Kauravas et Duryodhana, leur aîné, surveillait et calmait les disputes. Cependant, Dronacharya leur demanda un jour de combattre son ennemi Drupada, qui avait pour fille Draupadî (une incarnation de la déesse Lakshmi). Alors que Duryodhana et les siens furent mis en déroute, les Pândavas commandés par Arjuna capturent Drupada. Cette défaite était de trop pour les Kauravas qui devinrent ennemis des Pândavas.

Étant son fils préféré, Duryodhana obtint facilement le trône de Dhritarâshtra, et eut son autorisation pour éliminer les Pândavas. Il les invita à une fête dans un palais dont il fit enduire les murs de beurre pour y mettre le feu. Cependant, les Pândavas l’apprennent et ont le temps de fuir avec leur mère, alors que le palais brûle. Commença pour Arjuna et ses frères, déguisés en brahmanes, une période d’errance, tout le monde les croyant morts.

Draupadî

Un jour, Arjuna participe à un concours de tir à l’arc et gagne la main de Draupadî, la fille de Draupada. Lorsqu’il annonça à sa mère qu’il avait gagné un prix, elle lui ordonna de le partager avec ses frères, sans savoir qu’il s’agissait de la main d’une princesse. Malgré tout, Arjuna obéit à sa mère et partagea Draupadî avec ses frères.

Malheureusement, Arjuna avait été reconnu lors du concours et tout le monde apprit que les Pândavas étaient vivants. Les Kauravas cherchaient un moyen de les éliminer pour de bon, mais Dronacharya leur conseilla de leur donner la moitié du royaume pour la paix.

Indraprashta, la cité des Pândavas

Les Pândavas choisirent la région désertique de Khândavaprashta, et fondèrent Indraprashta (Delhi aujourd’hui). A son achèvement, ils invitèrent les Kauravas pour de grandes festivités. Une fois encore, cela attisa la jalousie de Duryodhana tant la cité était belle et les festivités grandes. Il fit construire un nouveau palais en cristal d’or et lapis-lazuli ; il invita à son tour les Pândavas pour l’inauguration. Lors de la fête, il piégea Yuddhishtra, un des frères d’Arjuna, qui n’était pas bon aux dés, en le faisant jouer contre Shakuni qui, lui, connaissait tous les secrets de ce jeu. Yuddhishtra perdit tout ce qu’avaient les Pândavas : royaume, liberté, même Draupadî. La jeune femme fut cherchée et traînée devant les Kauravas qui essayèrent de lui arracher tous ses vêtements ; mais elle implora Vishnou qui la prit sous sa protection et ses vêtements devinrent indéchirables.

Dhritarâshtra, qui avait approuvé tout cela, entendit un soir le cri d’un chacal, signe de malheur pour ses fils. Afin d’obtenir le pardon, il accorda à Draupadî trois vœux. Elle demanda la liberté des Pândavas ainsi que la sienne, et rejeta le troisième vœu, car ils n’avaient pas besoin de plus. Duryodhana n’était, malgré tout, pas prêt à les libérer ; il obtint de Dhritarâshtra un dernier lancé de dés pour éviter toute violence afin de résoudre la discorde. Les conditions étaient simples : le camp qui perdait à ce jeu partira en exil pendant treize ans. Les Kauravas gagnèrent à nouveau et les Pândavas s’en allèrent.

Arjuna et le nouvel exil des Pândavas

Sous les conseils d’un sage, Arjuna décide de partir seul de son côtévers l’Himalaya. Il y trouva Shiva qui lui remit Pâshupata, une arme divine. D’autres dieux l’aident en lui donnant d’autres armes, puis Arjuna part retrouver son père Indra. A ses côtés, il s’entraîne durant plusieurs mois afin de préparer la revanche sur les Kauravas. Le moment venu, il rejoint, sur un char conduit par Mâtali, le cavalier d’Indra. 

Avec ses frères ils accomplirent de nombreux exploits, aidant entre autres le roi Virâta contre des rapaces envoyés par les Kauvaras. Virâta devient leur allié dans la reconquête de leur royaume qui s’approchait. En vue de ces batailles, Kauravas et Pândavas se tournèrent vers leur cousin Krishna, qui refusa de prendre partie : il accorda une grande armée à un camp et ses conseils à l’autre. Arjuna choisit les conseils de Krishna.

Avant la guerre, ils tentent une négociation pour éviter de faire couler le sang, mais Duryodhana refusa, décidé à tuer les Pândavas. Krishna tenta de convaincre Karna, qui avait rejoint la Kauravas, de s’unir avec ses frères. Mais Karna refusa et déclara qu’il ne tuerait aucun de ses frères.

La guerre entre Pândavas et Kauravas

La bataille finit par avoir lieu ; Bîhma commandait les Kauravas, toujours aussi puissant malgré son âge. Arjuna dirigeait les Pândavas et Krishna prit la place du conducteur de son char pour le guider. Il lui conseilla de se méfier de Karna, car il était le meilleur combattant Kauravas. Arjuna trouva l’envie de combattre et partit à l’assaut, affrontant en duel Karna.

Le Mahâbhârata, Krishna conduit le char d'Arjuna

Le combat fut rude ; aucun des deux guerriers ne parvenait à prendre le dessus, jusqu’à ce que le char de Karna s’embourbe. Arjuna poursuivait ses assauts. Karna tentait de libérer son char et se défendait comme il pouvait ; au final  il se trouva piégé. Il demanda à Arjuna, en vertu des traditions, de lui laisser le temps de libérer son char pour ensuite reprendre le combat. Krishna intervient à nouveau auprès d’Arjuna pour lui rappeler les traîtrises qu’avaient pu commettre les Kauravas. Arjuna, rendu furieux par le rappel de ces actes, prit Anjalika, une de ses armes divines, et le blessa grièvement.

Pendant ce temps, Sūrya est en train de se disputer avec Indra, le père de Arjuna, afin de savoir quel fils était le meilleur. Voyant Karna sur le point de succomber, ils se mirent d’accord pour lui imposer une dernière épreuve. Ils se présentèrent à lui sous l’apparence de deux brahmanes. Karna refusa de leur donner l’aumône ; car dans son état, il disait n’avoir plus rien à donner. L’un des deux brahmanes lui fit remarquer qu’il pouvait donner l’or d’une de ses dents. Karna prit une pierre et se brisa la dent pour la leur donner, prouvant par son geste sa supériorité.

Une autre version de la bataille raconte que Karna tenta, durant son duel avec Arjuna, de le blesser avec son javelot divin, reçu d’Indra. Mais, il manqua Arjuna et se retrouva à sa merci. Il lui demanda clémence et pardon, mais Arjuna refusa, compte tenu de ses méfaits avec les Kauravas et avec Draupadî, et il le tua.

La fin de la guerre

La bataille se poursuit dans un véritable carnage, les Kauravas tombant un à un. Ceux qui implorent pardon mais avaient bafoué Draupadî furent exécutés, y compris Shakuni pour les avoir piégés aux dés. Duryodhana s’enfuit pour se cacher, mais Yudhishthira le retrouva. Si Duryodhana concéda le royaume pour sa vie, Yudhishthira voulait l’affronter. Duryodhana accepta alors de combattre tous les Pândavas en combat singulier. Bîhma l’affronte en premier et le terrasse sans le tuer, le laissant ramper jusqu’à son camp.

Si les Pândavas étaient vainqueurs, la guerre  n’était pas encore perdue pour certains Kauravas. Ashvatthâman, le fils de Dronacharya se glissa la nuit dans le camp des Pândavas. Il massacra tous ceux qu’il croisait et ramena les têtes de ce qu’il croyait être les fils de Draupadî. Le matin, il réveilla Duryodhana pour les lui montrer et le Kauravas se sentit revigoré par cette annonce de victoire. Mais quand il vit ces têtes, elles n’appartiennent pas aux Pândavas ; car la nuit passée ils n’étaient pas dans leur propre camp, ils pillaient un camp des Kauravas. Duryodhana mourut en voyant que sa défaite était totale. Arjuna et les siens allèrent trouver Dhritarâshtra, qui finit par céder le trône de Hastinâpura et la paix fut à nouveau instaurée.

Références

Littérature : Le Mahâbhârata

Jeux vidéo : Fate/Apocrypha et Fate/Grand Order (Type Moon)

Liens externes (fr) : critique (l’Express), Les grands poèmes épiques indiens (Gallica)

Liens externes (en) : Ganguli English translation (Internet Sacred Text Archive), Unforgettable Lessons in An Indian Epic of Family Fighting (Ancient Origins), Ancient Indian Epic (World History Encyclopedia)