Poème épique babylonien, Enuma Elish est le récit de la création.
Introduction
Célèbre poème épique, Enuma Elish (ou Enūma eliš) est le texte le plus important de la mythologie babylonienne et sumérienne. Son nom signifie Lorsqu’en haut, car ce sont les premiers mots du texte.
« Lorsque Là-haut le ciel n’avait pas encore de nom,
Et qu’Ici-bas la terre ferme n’avait pas de nom,
Seuls Apsû-le premier, (eaux douces) le progéniteur, et Tiamat, (eaux salées) la génitrice qui les enfantera tous. »
— Traduction des premières phrases d’Enuma Elish
On le surnomme l’Épopée de la création, car il narre l’ascension du dieu Marduk (ou Mardouk) en tant que roi des dieux, après sa victoire sur les dieux primordiaux, dont Tiamat, et la création du monde qui en résulta.
Origines
L’origine de ce texte de référence date du XIIème siècle avant J.-C, à l’époque de Nabuchodonosor 1er et donc de Babylone. Il a été gravé sur sept tablettes qui ont été retrouvées, dans un état exceptionnel, près de Mossoul (Irak) au XIXème siècle, dans un état exceptionnel. Seule, une partie de la cinquième tablette n’a pas été retrouvée ; mais par chance ce texte a été copié de nombreuses fois, ainsi ce qui y était inscrit a pu être récupéré.

Description
Le texte d’Enuma Elish se compose de 1 100 lignes réparties sur sept tablettes d’argile. On peut considérer chaque tablette comme un chapitre, (dont des extraits suivent dans les parties suivantes) le tout couvrant dans la mythologie babylonienne de la création du monde jusqu’à la victoire de Marduk.
Première tablette : création du monde et naissance de Marduk
« Lorsque Là-haut le ciel n’était pas encore nommé,
Et qu’Ici-bas la terre-ferme n’était pas appelée d’un nom,
Seuls Apsû-le-premier, leur progéniteur,
Et Mère (?) -Tiamat, leur génitrice à tous,
Mélangeaient ensemble leurs eaux :
Ni bancs-de-roseaux n’y étaient encore agglomérés ni cannaies n’y étaient discernables.
Et alors que des dieux nul n’était encore apparu,
Qu’ils n’étaient ni appelés de noms ni lotis de destins,
En (Apsû-Tiamat) des dieux furent produits :
Lahmu et Lahamu apparurent et furent appelés de noms. »— Enūma eliš, premiers vers, traduction de J. Bottéro
Seconde tablette : la convocation de Marduk
« Seigneur des dieux, qui arrêtes le destin des Grands-dieux,
Si moi je dois vous venger :
Terrasser Tiamat pour vous sauver,
Tenez conseil et proclamez-moi un destin transcendant !
En la Salle-aux-délibérations, siégez allègrement ensemble
Et faites que, d’un mot, en votre lieu-et-place, j’arrête les destins :
Que rien ne soit changé de ce que moi, j’agencerai,
Et que tout ordre proféré par mes lèvres demeure irréversible, irrévocable ! »— Enūma eliš, fin de la tablette II, traduction de J. Bottéro
Troisième tablette : MArduk souverain des dieux
« Tous les grands dieux qui décrètent les destinées
Rassemblés en chemin,
Ils entrèrent devant Ansar et furent remplis de [joie],
Ils s’embrassèrent pendant qu’ils . [ . . ] à l’assemblée.
Ils conférèrent pendant qu’ils étaient à table,
Ils mangeaient du grain, ils buvaient de la bière.
Ils passèrent la liqueur douce avec leurs pailles,
Pendant qu’ils buvaient de la bière et se sentaient bien,
Ils devinrent tout à fait insouciants, leur humeur était joyeuse,
Et ils décrétèrent le sort de Marduk, leur vengeur. »
Quatrième tablette : la bataille contre Tiamat
« S’étant donc abordés, Tiamat et Marduk, le Sage des dieux,
S’emmêlèrent, à l’empoignade, et se joignirent, au corps-à-corps !
Mais le Seigneur (Marduk), ayant déployé son filet, l’en enveloppa,
Puis lâcha contre elle Vent-mauvais, qui tenait ses arrières.
Et lorsque Tiamat eut ouvert sa bouche, pour l’avaler,
Il y engouffra Vent-mauvais pour l’empêcher-de-refermer ses lèvres,
Tous les Vents, en furie, lui remplirent alors la panse,
Si bien que son corps fut gonflé, sa gueule large-ouverte.
Alors il lança sa Flèche et lui déchira la panse,
Il lui trancha le corps par le milieu et lui ouvrit le ventre. »— Enūma eliš, tablette IV, traduction de J. Bottéro
Cinquième tablette : l’organisation du ciel
« Lorsqu’ils eurent, de la sorte, conféré la Royauté à Marduk,
Ils prononcèrent également pour lui la Formule de Bonheur et de Réussite :
« À dater de ce jour, sois le Curateur de nos Lieux-de-culte !
Tout ce que tu ordonneras, nous l’exécuterons ! » »— Enūma eliš, tablette V, traduction de J. Bottéro
Sixième tablette : création des hommes et répartition des dieux
« Il érigea un Trône-royal qui dépassa ceux des autres dieux
Et, au milieu de l’Assemblée des dieux, Anu y installa Marduk :
Et les Grands-dieux, unanimes,
Exaltèrent les Destins de Marduk et se prosternèrent devant lui.
Ils formulèrent d’eux-mêmes un serment-exécratoire,
Jurant par l’Eau et l’Huile et la Main à la gorge,
Ils lui octroyèrent d’exercer la Royauté sur les dieux,
Le confirmant dans le Pouvoir-absolu sur les dieux du Ciel et de la Terre. »— Enūma eliš, tablette VI, traduction de J. Bottéro
Septième tablette : les noms de Marduk
« Nebiru : c’est bien lui qui tient les passages Ciel-Terre :
Nul ne passe En-haut ou En-bas sans le solliciter !
Nebiru est son étoile, qui brille au Ciel :
Elle y occupe le Pôle et les dieux l’y admirent,
Disant : « Lui qui, infatigablement, passe-et-repasse au-dedans de Tiamat,
Que Nebiru soit son Nom, puisqu’il en maîtrise l’intérieur !
À ce titre, il organise les trajectoires des étoiles au Ciel,
Et il paît, comme brebis, tous les dieux stellaires ! » »— Enūma eliš, tablette VII, traduction de J. Bottéro
« Elle est la révélation qu’un Ancien, devant qui on l’avait exposée,
Mit et disposa par écrit pour l’enseigner à la postérité!
[Les prouesses (?)] de Marduk qui créa les dieux Igigi,
[Qu’on les récite [?)], en prononçant son Nom,
[Et que l’on psalmodie (?)] le chant de Marduk
[Qui,] après avoir terrassé Tiamat, reçut le Pouvoir-souverain. »— Enūma eliš, épilogue sur la tablette VII, traduction de J. Bottéro
Références
Animation :Fate/stay night (Studio Deen), Fate/Grand Order Absolute Demonic Front : Babylonia : (Delightwork)
Lien externe (en) : retranscription (Internet Sacred Text Archives)
Dernière modification le 21/12/2024.