Les roussalki sont des défuntes rejetées du royaume des morts, présentes dans les régions slaves.
Introduction
Dans les récits des croyances slaves, les roussalki (roussalka au singulier) sont les penchants féminins des morts impurs. Ainsi, ce sont des défuntes dont les causes du décès ne sont pas approuvées par la morale. De ce fait, elles ont été rejetées par la terre et ont l’obligation de rester parmi les vivants. Donc, on retrouve parmi elles les mêmes espèces de défunts que chez les morts impurs. Tels que : les filles maudites par leurs parents (les mavki), les enfants morts sans baptême (les loskotovki), les filles noyées, suicidées, assassinées ou volées par le diable.
Malgré tout, il y a une différence entre eux. Parce que les roussalki incluent également les filles mortes entre leurs fiançailles et leurs mariages. De plus, une enfant ou une jeune fille, attirée par une roussalka qui la chatouille à mort, devient l’une d’elles.
Description
Bien qu’elles suivent des principes identiques à leurs penchants masculins, on a des descriptions particulières et assez précises des roussalki. Dans certains écrits, elles sont aussi bien gentilles que méchantes et ont des apparences diverses. Elles sont jeunes et belles ou vieilles, hideuses, bossues aux ongles griffus, parfois grosses et flasques (telle la lobasta de la province de Tserk). Souvent, elles peignent leurs cheveux, assises sur un rocher au bord de l’eau. D’ailleurs, on les désigne comme étant des esprits des puits (les krinitsa ou krinica). Celles qui sont jeunes et belles vivent nombreuses en bandes ; les vieilles et hideuses restent solitaires. Ces créatures apparaissent également sous forme de petits animaux : belettes, écureuils, campagnols ou grenouilles.
Dans la province de Kalouga, le Vodianoï, esprit des eaux, est le patron des roussalki. Il les fait cuire dans un chaudron rempli d’herbes pour leur conférer la jeunesse et la beauté éternelle. Ensuite, ce sont de magnifiques jeunes femmes au corps blanc comme la neige avec de longs cheveux qui se baladent d’arbre en arbre. Aucun homme ne résiste à leurs charmes, à tel point que certains, après en avoir vu une, en dépérissent de nostalgie.
Toutefois dans la province de Vladimir, les roussalki ont une peau très pâle, sont maigres, ont une poitrine démesurée et leurs cheveux font des étincelles dans l’eau. Dans la région de Karkhov, dès qu’elles pénètrent dans une maison, elles cèdent leur belle allure contre l’apparence d’une vieille femme.
Lieux et comportements
On les rencontre en toute saison. La plupart du temps, elles vivent au fond des eaux dans un palais de cristal (ou dans la terre ou au ciel selon les versions). C’est pendant la semaine de Roussalnaïa qu’elles se manifestent et sont dangereuses. Lorsque les jeunes femmes se rendent en forêt pour tresser des couronnes, elles doivent en repartir avant la nuit. Car les roussalki envahissent les lieux, jouent, utilisent leurs cheveux pour se balancer et chantent dans les arbres. Pour se parer, elles se roulent dans l’herbe et se tressent des couronnes. Dans d’autres lieux, elles se baignent dans les rivières ou parcourent les champs. On dit que l’on voit où elles sont passées car l’herbe y est plus épaisse et les céréales poussent mieux.
Aussi, pour ne pas se faire chatouiller et tuer par l’une d’elles, on évite les forêts et les eaux. Une roussalka attire un jeune homme en l’appelant sous différents noms. Quand le malheureux lui répond, elle l’entraîne dans les eaux, le tue en le chatouillant puis l’emporte au fond des eaux afin qu’il ressuscite et devienne son amant. Dans certaines régions, on dit que le chant des roussalki est semblable à celui des sirènes dans la mythologie grecque, possédant le même pouvoir.
Lors de la semaine de Roussalnaïa on ne travaille pas. Car ceux qui n’en tiendraient pas compte auraient des malformations parmi les naissances dans leur famille et dans leur bétails. Les roussalki commettent de nombreuses facéties. Elles volent des outils à des pêcheurs pour qu’ils les suivent et se perdent, volent les filasses des paysannes et défont leurs ouvrages. Également, elles font peur au point de donner la fièvre, rendent sourd ou donnent des rires et des grimaces compulsifs. Certaines, comme le Sphinx, posent des énigmes et tuent la personne quand elle donne une mauvaise réponse. Les plus mauvaises font révulser les yeux de leurs victimes et les plus vieilles tuent des enfants. D’autres encore, volent le bétail ; alors, on leur offre des vêtements sur une souche de la forêt en disant ces mots :
« Je vous en prie, roussalki, acceptez mon cadeau et rendez-moi mon bétail ! »
Dans certains récits, la semaine de Roussalnaïa achevée, elles retournent dans leur royaume, dans d’autres elles meurent. A cette occasion, certaines personnes leur font don d’un morceau de pain déposé aux bords de leur champs.
Afin de se prémunir d’elles, de nombreux moyens existent : les jeunes filles doivent se tresser les cheveux, on porte sur soi des brins d’absinthe ou de l’ortie. En effet, les roussalki demandent souvent « absinthe ou persil » ; quand la réponse est « absinthe » elles s’enfuient. Un autre moyen de s’en écarter consiste à se tenir dans un cercle avec une croix, ce qui permet de dresser une barrière avec elles. Certaines régions disent qu’il faut en plus se tenir à plat ventre dans le cercle, tout en mangeant de l’ail et en tenant un couteau. Pour protéger les champs, il faut en tracer les bords avec du fer parce que les roussalki détestent ce matériau.
Enfin, on peut aussi leur passer une croix au cou. Alors, elles deviennent domestiques et peuvent épouser quelqu’un, car elles ne coûtent pas cher puisqu’elles se nourrissent de la fumée des plats. Cependant, les roussalki ne restent jamais éternellement ; elles finissent toujours par s’en aller dès la prochaine Roussalnaïa.
Références
Peinture : Rusalki (W.Pruszkowski), Roussalki (J.Malczewski)
Illustration : La roussalka (I.Bilibine)
Image : Wikipédia
Dernière modification le 24/11/2021.