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  • Publication publiée :10/10/2022
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  • Dernière modification de la publication :10/10/2022

Bonjour,

Je rentre du dojo, après un bon entraînement, et me mets face à l’ordinateur pour finaliser cet article, que j’ai promis à Ervael, il y a maintenant plusieurs semaines.

Il manque quelque chose.

Certes, j’ai compilé des idées, des arguments, des exemples. L’article pourrait s’arrêter là, mais il manque un ingrédient. Vous savez ce “je ne sais quoi” qui vous fait dire que ce livre, ce billet, ce film, ce pratiquant est bon et vous fait vibrer !

Mojenn

Ça manque de vie et d’émotion. Retenez bien ces deux éléments qui donneront tout son sens à cet article à sa fin.

Je me nomme Olivier, aussi connu sous le nom de Mojenn et je suis heureux d’échanger aujourd’hui avec vous concernant la place des arts martiaux dans la fantasy. Vous ne me connaissez certainement pas, mais j’espère réussir à piquer votre curiosité aujourd’hui.

À première vue les deux sujets, arts martiaux et fantasy, peuvent sembler éloignés. Pourtant les points communs sont édifiants.

Le code d’honneur du Karatéka

Pour illustrer mes propos, je vous propose de commencer en découvrant le code d’honneur du Karatéka, dites-moi simplement à quel personnage de fantasy vous fait-il penser ? (La section commentaire est toute à vous.)

1. L’honneur : meiyo

C’est suivre un code moral et avoir un idéal de manière à se comporter dignement et de façon respectueuse.

2.La fidélité : chujitsu

C’est le devoir et la nécessité incontournables de tenir ses promesses et de remplir ses engagements.

3. La sincérité : makoto

C’est la qualité de celui qui ne déguise ni ses sentiments ni ses pensées, de celui qui sait être authentique.

4. Le courage : yûki

C’est la force d’âme qui fait braver le danger et la souffrance. La bravoure, l’ardeur et surtout la volonté sont les supports de ce courage.

5. La bonté : shinsetsu

C’est une des marques du courage. Elle dénote une haute humanité et nous pousse à être respectueux de la vie.

6. L’humilité : kyoken

C’est savoir être modeste, exempt d’orgueil et de vanité.

7. La droiture : tadashi

C’est suivre la ligne du devoir et ne jamais s’en écarter. Elle nous permet de prendre sans aucune faiblesse une décision juste et raisonnable.

8. Le respect : sonchoo

C’est savoir traiter les personnes et les choses avec déférence. C’est le premier devoir d’un budoka.

9. Le contrôle de soi : seigyo

C’est la qualité essentielle d’une ceinture noire, car elle conditionne toute son efficacité. Le code d’honneur et la morale traditionnelle enseignée par le karaté-do sont basés sur l’acquisition de cette maîtrise.

Ce code peut également s’apparenter à celui des chevaliers, ce n’est certainement pas les pratiquants d’Arts Martiaux Historiques Européens qui me contrediront. Tapez AMHE dans google image et dites-moi si les illustrations dénotent avec l’univers de la fantasy ?
Ce code a d’ailleurs largement inspiré celui des chevaliers Jedi et puisque j’ai mis un pied dans le plat je vais y mettre le deuxième. Mais avant ça, laissez-moi aborder quelques points supplémentaires.

L’aspect guerrier

Mojenn

Martial signifie guerre, l’art martial est donc l’art de la guerre, de combattre et, dans la fantasy, l’art du combat a une place prépondérante. Que ce soit par la magie ou les armes, la majorité des récits de fantasy nous transporte dans un univers où l’art du combat est important, où seuls les plus forts pourront triompher. C’est pourquoi les codes des arts martiaux sont souvent utilisés dans la fantasy, consciemment ou non. Géralt de Riv, dans The Witcher, apprend à se battre au sein d’une école à la manière des samouraïs, des chevaliers d’autrefois ou des budokas d’aujourd’hui.

L’aspect spirituel

La quête initiatique

Que ce soit la quête du Graal du roi Arthur, celle de l’anneau de Frodon ou simplement une lutte farouche pour survivre, la quête du héros de fantasy le transforme bien souvent.

La plupart des arts martiaux sont similaires, car ils vous poussent à devenir une meilleure personne face à l’adversité.

La transcendance d’un être a priori ordinaire vers un véritable héros nous permet de nous identifier et de vivre les émotions du personnage.

La magie

Connaissez-vous ce qui se rapproche énormément de la Force de Star Wars, dans les arts martiaux ?

Le ki ou chi, selon l’origine de l’art martial, représente l’énergie vitale qui se trouve en toutes choses. C’est une énergie à développer pour tout véritable artiste martial.

Non ce n’est pas inspiré des répliques de maître Yoda, mais de celles de maître Kase et même, bien avant du Traité des 5 roues du célèbre samouraï Miyamoto Musashi.

Dans la fantasy, on retrouve souvent cette notion amplifiée et nommée éther ou mana.

Le maître et l’initié

Que ce soit pour l’apprentissage du combat ou pour orienter le héros dans sa quête, ce dernier aura souvent un maître ou un mentor (padawan et maître, Gandalf, Merlin, Vesemir,…)

Le côté mystique qui peut accompagner le maître est souvent source d’interrogation, de suspens et autres émotions.

Savez-vous ce qui m’a amené au karaté ?

Bruce Lee ?
L’envie de me battre ?
Karaté Kid ?

Non

La fantasy et surtout les livres dont vous êtes le héros. Entre autres, les séries Loup Solitaire et La Voie du Tigre. Ces lectures m’ont donné envie de vivre et ressentir ce que ressentaient leurs héros et ce que je ressentais un les incarnant.

Car oui, l’aspect martial se marie extrêmement bien à la fantasy, je vous mets au défi de me citer un univers de fantasy qui serait totalement en dehors de mes exemples précédents. D’ailleurs, j’offre l’un de mes livres au premier d’entre vous qui le fait dans les commentaires.

Enfin, laissez-moi aborder un sujet qui peut vous paraître plus subjectif, mais qui me paraît primordial.

Les émotions et la vie

Plus haut, je vous parlais d’un “je ne sais quoi” qui vous fait vibrer. Pour moi cela est l’émotion, le moteur de toutes vies.

En effet, un art, un récit, qui ne vous fait vivre aucune émotion ne vous impactera pas. Un pratiquant martial qui ne vit pas son art ne suscite aucune émotion. Les arts martiaux sont donc de véritables puits d’émotions s’ils sont bien pratiqués. La peur de prendre un coup, la joie de réussir un enchaînement, une technique, mais aussi la recherche de sensation interne, la connexion avec son partenaire sont des dimensions qui génèrent de l’émotion (à maîtriser) et donc de la vie.

De la même manière, une bonne histoire de fantasy sera une histoire qui vous aura fait vivre des émotions, qu’avez-vous ressenti lors de votre dernier coup de cœur en fantasy ?

Je ne connais personne qui ait apprécié une œuvre qui l’a laissée de marbre.

C’est pourquoi la structure même des arts martiaux est en adéquation avec la fantasy, car tout est fait pour vous faire progresser à travers une lecture intérieure de vos émotions, notamment en vous mettant face à la difficulté. C’est aussi pourquoi on parle de voie des arts martiaux. Cela leur donne un côté mystique qui se marie extrêmement bien avec la fantasy.

Pour conclure, je dirais donc que les arts martiaux sont des moteurs pour insuffler à la fantasy :

  • des combats épiques avec des adversaires préparés
  • un aspect spirituel et mystique
  • un moteur pour une quête initiatique qui nourrit le scénario
  • des valeurs, codes d’honneur et principes qui donnent une identité forte aux personnages

Mais surtout, le pratiquant martial, s’il est bien construit, vous fait généralement vibrer si vous ressentez et vivez ses émotions.

“L’humilité, le courage, l’altruisme… ce sont là les vraies qualités essentielles pour un aventurier.”
Thancred, Final Fantasy XIV

“Le vide revient à maîtriser les forces instinctives et émotionnelles (haine/peur), car le mental tue le réel à cause du raisonnement.”
Me Funakoshi Gichin

Olivier Le Gal,
auteur du blog Mojenn et de plusieurs livres.

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