Adaptation animée par le studio White Fox du manga de Satoshi Mizukami, la série Sengoku Youko est arrivée à sa conclusion après 35 épisodes. Bien que divisée en deux parties, on a pu avoir l’intégralité de cette adaptation en 2024, ce qui est assez rare il faut l’avouer. Voici donc pour nous l’occasion d’en faire un bilan.
Synopsis
À la fin de l’ère Eiroku, dans un monde où les humains doivent cohabiter avec des êtres nommés katawara [ndlr, des sortes de Yōkai], un guerrier du nom de Shinsuke va faire la rencontre d’un étrange duo. Il s’agit d’une sœur et un frère, Tama et Jinka. Contrairement à la plupart de ses congénères katawara, Tama adore les humains et veut les protéger contrairement à Jinka. Ce groupe va être confronter à un complot qui consiste à transformer des humains en monstres.
Source : Wikipédia
Critique
Une bonne réalisation
Il n’y a pas grand chose à redire sur la qualité offerte par le studio White Fox. L’animation de Sengoku Youko est de bonne qualité, même si on est pas dans le meilleur de ce qui se fait, mais la série a un budget modeste comparé aux grosses séries du genre. Ce qui n’empêche pas White Fox d’offrir une bonne ambiance, de beaux plans. Les épisodes naviguent entre l’action, l’humour, les séquences d’introspections et aussi d’émotion. La série offre des combats spectaculaires et dynamiques, avec des effets spectaculaires, offrant de belles séquences. Mais surtout ces combats servent les thèmes abordés et ont aussi leur part psychologique.
Les types de scènes sont donc variés, mais sans que le scénario se perde, par des moments trop en décalage qui s’éloignent trop de l’intrigue. Il faut dire aussi qu’avec seulement 35 épisodes, la série doit condenser le manga. Mais cela permet aussi que l’intrigue se maintienne, d’autant que l’histoire se relance à plusieurs reprises avec des évènements inattendus bien placés.
Toutefois, après un très bon premier épisode, le début sera peut-être un peu brouillon pour certains, du fait de cette compression des évènements et informations. Un défaut qui a valu à la première partie de la série de ne pas connaître un grand succès et que beaucoup ne sont pas allés plus loin. Il faut aussi avouer que là où un shōnen classique pointe un objectif ultime, clair et défini, Sengoku Youko enchaine plusieurs intrigues. Celle qui est à priori cet objectif final se révèle au final au même niveau que les autres, mais seulement accomplie à la fin.
Une galerie de personnage
Le travail sur les personnages est certainement ce qui fait la force de cette série. Si le synopsis semble laisse croire que l’histoire se concentre sur un personnage, cela n’est pas totalement le cas. Shinsuke est le personnage de départ, un fil conducteur, mais qui laisse une grande place à d’autres personnages. Ils sont tout aussi importants et attachants, si bien qu’il n’y a pas vraiment de personnage principal, même si Senya est celui sur qui l’histoire se focalise plus dans la seconde partie, car il est le personnage clé. Il en va de même pour les personnages secondaires, dont le rôle est au-delà de la figuration. Peu importe leur nature et leur côté, chacun apporte sa pierre à l’édifice et on s’attache à eux. Seuls ceux du peuple du néant se révèlent moins intéressants et atatchants, bien que l’histoire de leur peuple sert les thèmes de l’anime.
Ces thèmes sont traités à travers tous ces personnages, ce qui permet de les voir sous différents angles.
La quête de pouvoir
Shōnen oblige, les personnages vont tous chercher à gagner de la puissance, les adversaires se faisant de plus en plus forts. Cependant tous les personnages ne l’abordent pas de la même manière. Shinsuke la cherche pour ne plus être faible puis par vengeance, comme Jinun, mais dans son cas aussi pour protéger. La quête de puissance de Jinka est plus complexe, car elle est aussi liée à une quête d’identité, dont nous reviendrons plus loin.
Mundo désire être le plus fort, Tsukiko veut pouvoir assister les autres, dont (surtout) Senya. Senya qui a été élevé par son père dans l’optique de devenir le plus fort possible, afin de ne jamais connaître le danger. Toutefois par la suite il va la chercher par nécessité.
Le prix du pouvoir
Cependant ces personnages vont découvrir que la quête de puissance n’est pas sans prix. Au-delà de surmonter des épreuves pour évoluer comme dans tout shōnen, ils vont devoir aussi passer des marchés, faire des choix et des sacrifices.
Si les personnages plus anciens en ont conscience et en sont des exemples, les plus jeunes vont découvrir cela dans leurs aventures. Ils vont se rendre compte que l’on obtient rien sans rien. D’autant que dans le monde dans lequel ils évoluent, la puissance est liée à des esprits. Plus qu’un choix de vie, le prix est souvent la perte de soi, sur un plan psychologique ou dans la nature même du personnage.
La quête d’identité
La nature des personnages et comment elle peut évoluer, qu’ils soient humains, katawara ou les deux entraîne une quête d’identité chez eux. Cela est sans doute le thème central et principal de Sengoku Youko : qu’elle est sa nature, qui veut-on devenir. La question est complexe pour des personnages qui ne sont qu’à moitié humains. Senya est celui dont on suit le plus le parcours et sa quête de savoir ce qu’il est, autre qu’une arme et de ce qu’il veut être.
Jinka quant à lui est moins dans ce questionnement, il a choisi de devenir totalement un katawara, mais fait-il le bon choix ? Lui-même ne le sait pas vraiment en soit et par entêtement il s’y risque, quitte à se perdre.
Mundo désire devenir le plus puissant katawara, mais il va réaliser que cela dépasse la puissance brute et se demander qu’est-ce que cela est d’être fort et comment finalement.
Chacun de ces trois personnages mène sa quête à sa manière, aidé de ses amis, seul au risque de se perdre ou trouvant un mentor comme modèle.
Shinsuke n’a pas été évoqué, mais le personnage se cherche lui aussi toute la première partie, perdant ses repères avant de devenir une figure de mentor dans la seconde. Il joue son rôle de fil conducteur, les autres personnages qu’il croise évoluant autour de lui, que cela soit de son fait ou non.
Les autres thèmes
D’autres thèmes plus classiques sont abordés comme la famille, l’amitié, l’amour. Bien que classiques ils n’en reste pas moins intéressants, d’autant quand cela fait voir des personnages, (dont certains qui ne sont pas vraiment des alliés), sous un autre jour.
Il faut ajouter aussi le thème de la cohabitation entre les humains et les kawatara, chacun jugé mauvais par l’autre, mais que cela est bien plus nuancé.
Conclusion
Sengoku Youko est un très bon shōnen, avec une certaine patte à l’ancienne, qui ne se limite pas à l’ascension d’un héros devenant de plus en plus puissant, entouré d’amis pour combattre des ennemis de plus en plus forts. Il aborde avec profondeur de nombreux thèmes avec justesse et développe ses personnages autour d’eux.
Si la première partie est un peu compliquée à suivre, les choses s’améliorent plus on avance, pour nous offrir une très bonne seconde partie. L’ensemble s’achevant avec un épisode épilogue qui conclut parfaitement bien la saga.
C’est donc un anime qui bien que n’étant pas parfait, mériterait plus d’attention parce qu’il offre. Il est une très bonne alternative aux gros shōnen, proposant quelque chose d’un peu différent et avec sa propre personnalité.